Un violon sculpté
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Publié le 08/11/2018
On voit passer de temps à autre des
violons aux dos sculptés de châteaux, de villes fortifiées, ou de scènes orientales agrémentées de rinceaux et autres lauriers. Ce type d'instrument peut laisser croire qu'un vieux violoniste bohémien l'a patiemment gravé au coin du feu pendant de longues soirées pleines de mystères et de légendes indicibles...
Et pourtant, la plus grande part de ces violons ont été sculptés dès leur fabrication et vendus comme tel dès le départ. Les scènes sont d'ailleurs assez stéréotypées, le même château revenant très souvent avec quelques variantes. Il s'en produit d'ailleurs encore aujourd'hui, puisqu'il est possible d'en acheter des tout neufs sur un site comme AliExpress !
Mais j'ai ici un violon sculpté dont le parcours est à mon avis bien différent.
Plusieurs indices me laissent penser qu'il s'agit d'un violon qui a été "personalisé" après sa sortie de l'atelier :
- Le thème original, même si la partie basse s'inspire fortement des châteaux vus sur les violons mentionnés précédemment ;
- La maladresse de la sculpture, voir même sa naïveté ;
- L'emploi de gommettes et de strass (hé oui!) particulièrement kitch.
L'iconographie du dos, de haut en bas, est la suivante :
- Un fer à cheval avec cinq emplacements de clous, entouré de rameaux (laurier, olivier ?) ;
- Le buste d'un personnage portant un tricorne, avec trois points formant un triangle équilatéral renversé sur la poitrine, avec deux clous de part et d'autre du buste (difficilement visibles) ;
- Une roue ou rosace à huit branches, entourée de huit points de nacre ;
- Un château avec ses deux tours, agrémenté d'une gommette rouge dans la fenêtre de gauche, et de brillants comme épis de toiture.
On retrouve sur la table, sous le cordier, la roue à huit branches à peine gravée, ainsi qu'un petit brillant en strass au centre de la volute qui a été retaillée, et un petit point de nacre sur le cordier.
Faut il chercher une
symbolique particulière dans cette iconographie (maréchalerie, compagnonnage ?) comme peuvent le laisser penser le fer à cheval et les clous, ou bien le sculpteur s'est il
inspiré librement d'éléments de décorum qu'il aura vu à droite et à gauche, comme le laisse penser le château de la partie basse maladroitement copié.
Si vous avez une piste (hors illuminatis et extra-terrestres !) en ce qui concerne l'interprétation de cette scène sculptée, je suis preneur.
Quoi qu'il en soit, ce modeste violon trois-quart même pas fileté, dont la table a été ravagée par les vers, est à mon avis
un exemple émouvant d'art populaire, à la fois spontané et chargé de sens, même si celui-ci reste obscur. Dorénavant, il veille sur
mon atelier, pendu à une étagère au dessus de l'établi : un fer à cheval, des lauriers, finalement je me dis qu'il doit s'agir d'un violon porte-bonheur !
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