Des cartes postales de violoneux
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Publié le 23/10/2024
On entend trop souvent le mot "
violoneux" employé dans un sens péjoratif, pour évoquer un violoniste médiocre qui viendrait gâcher la fête familiale avec ses vieilles rengaines ("
C'est Gugusse avec son violon, qui fait danser les filles et les garçons")...
Et pourtant, ce nom de "
violoneux" est avant tout utilisé pour désigner un violoniste jouant des
musiques populaires, le plus souvent sans être passé par une école de musique ou un conservatoire mais ayant appris par transmission orale. La vitalité actuelle des musiques trad' et la qualité des musiciens qui les jouent devraient définitivement
effacer la connotation péjorative du terme "violoneux" qui n'est rien d'autre qu'un mépris de classe pour la culture populaire.
Enfin bref, j'ai quelques
cartes postales anciennes de violoneux, témoins d'une pratique populaire du violon au tournant des 19
e et 20
e siècles. Mais pas de ces cartes postales où on a pris un pauvre bougre au hasard pour lui mettre un habit traditionnel en lui demandant de tenir un instrument de musique afin de répondre au cliché attendu du musicien de village. Et une légende du genre "
Type d'Auvergne - Le père Bidule et sa musette", parfois accompagnée d'un couplet en patois ("
Yé Gugusse, avé soun viouloun..."). Ce type de cliché pathétique devait certainement correspondre aux attentes d'un public citadins en recherche de "couleurs locales".
Une triste image de cornemuseux...
Mais on trouve tout de même des cartes postales plus intéressantes mettant en scène des violoneux, souvent en train d'
accompagner une noce. Bien entendu ces photos sont posées, mais il s'agit d'une noce réelle, pas d'une scénette montée de toutes pièces : les protagonistes sont en habit de fête mais pas en costume folklorique pour faire plaisir au photographe. Et le musicien à une posture et une tenue de l'instrument qui nous dit qu'il ne s'agit pas d'un figurant.
Ces clichés témoignent d'une
pratique populaire du violon par des musiciens locaux, mais aussi de la démocratisation des instruments de musique dans les campagnes. Des instruments comme la vielle à roue et la cornemuse, le plus souvent de facture locale, mais aussi des violons de Mirecourt ou d'ateliers allemands disponibles sur catalogue, parfois même achetés chez Manufrance à petit prix !
Une noce en Corrèze : cette tenue du violon et de l'archet est courante chez les musiciens traditionnels. On voit le ruban de la noce attaché à la volute.
Encore une noce en Limousin : le violoneux ouvre la marche devant les mariés.
Une noce guérandaise : à nouveau la tenue du violon contre la poitrine.
Une noce grecque : là bas aussi le violon pour mener la noce, mais avec d'autres instrumentistes cette fois-ci.
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